dimanche, janvier 22, 2006

Requiem de Maurice Durufle


Définition tirée du Wikipédia:
Un requiem est un genre musical religieux et vocal, souvent interprété par un chœur, et joué lors des enterrements.
Le terme « Requiem » est le premier mot du rituel de la messe des morts en latin : « Requiem æternam donna eis Dominum » (Seigneur, donne-leur le repos éternel).

Le requiem comprend généralement les morceaux de chant suivants :
1. Introït.
2. Kyrie
3. Gradual, avec le tractus : Absolve, Domine.
4. Dies Irae
5. Offertoire (Domine Jesu Christe)
6. Sanctus
7. Benedictus
8. Agnus Dei
9. Communion (Lux Aeterna)

Au point de vue du nombre de morceaux chantés, la messe de requiem diffère de la messe ordinaire en ce que le Gloria et le Credo sont supprimés.

Maurice Duruflé écrivait:
"Mon requiem terminé en 1947 est entièrement composé sur les thèmes grégoriens de la messe des morts. Tantôt le texte a été respecté intégralement, la partie orchestrale n'intervenant que pour soutenir ou le commenter ; tantôt je m'en suis simplement inspiré, ou complètement éloigné - par exemple dans certains développements suggérés par le texte latin, notamment dans le Domine Jesu Christe, le Sanctus et le Libera. D'une façon générale, j'ai surtout cherché à me pénétrer du style particulier des thèmes grégoriens : ainsi me suis-je efforcé de concilier, dans la mesure du possible, la rythmique grégorienne - telle qu'elle a été fixée par les Bénédictins de Solesme - avec les exigences de la mesure moderne. Quant à la forme musicale de chacune de ces pièces, elle s'inspire généralement de la forme même proposée par la liturgie. L'orgue n'a qu'un rôle épisodique : il intervient, non pour soutenir les chœurs, mais seulement pour souligner certains accents ou pour faire oublier momentanément les sonorités trop humaines de l'orchestre. il représente l'idée de l'apaisement, de la foi et de l'espérance".

Cette messe comporte neuf parties :

1 - Introït.
Sur une guirlande dessinée par les altos, ténors et basses, à qui répondent bientôt sopranos et altos, chantent : Requiem oeternam… la mélodie grégorienne est citée textuellement.

2 - Kyrie.
Ici aussi, l'on retrouve le thème authentique de la messe des morts. Soutenu par l'orgue, il entre aux voix, en imitations, et se développe d'un bout à l'autre dans le style fugué.

3 - Domine Jesu Christe.
C'est ici que Duruflé fait preuve d'une modération remarquable dans l'évocation des peines infernales : Libera eas de ore leonis…. Tandis que les voix déclament le texte, l'orchestre reprend " par diminution" le thème grégorien qui, sous cette forme, sert d'accompagnement.

4- Sanctus.
Un mouvement perpétuel en sextolets s'enroule comme une liane autour de la triple invocation du sanctus, puis l'orchestre tout entier collabore à la montée des Hosannah!

5- pie Jesu.
Tout entier réservé au mezzo-solo, qui invoque la miséricorde du christ, ce morceau, dans la seconde partie duquel l'orgue joue un rôle important, montre la plasticité des mélodies grégoriennes, qui s'accommodent aussi bien d'être chantées a cappella, selon leur destination originelle, que de recevoir une harmonisation riche d'accords de septième majeure et de seconde.

6 - Agnus Dei.
Le quatuor se balance, la harpe laisse tomber des "gouttes d'or" et les altos prient l'agneau de dieu. Un roulis régulier accompagne la mélodie, puis, doucement, sous l'invocation des ténors, se glisse un contre-chant si expressif qu'il concentre sur lui tout l'intérêt, jusqu'à l'instant ou un artifice canonique impose au thème de l'Agnus un accent nouveau.

7 - Lux aeterna.
Le basson répète et developpe le motif du Quia pius es, puis les voix psalmodient l'invocation et, quand elles arrivent aux mots requiem oeternam, elle les déclament à l'unisson, recto tono, sur un fond d'accords changeants, écrits note contre note.

8 - Libera me.
Assez longuement développé, le texte se partage entre le quatuor vocal et le baryton solo.

9 - In paradisum.
Sur un fond d'harmonies subtiles, le cortège des sopranos, bientôt renforcés par les trois autres groupes, s'avance, aux accents de la cantilène liturgique. La prière s'élève, pressante, ennoblie d'être murmurée pat tant de voix discrètes qui implorent Jésus d'accueillir sa créature. Tout s'apaise, enfin, sur la promesse du sommeil éternel : "Requiem oeternam".


Maurice DURUFLÉ (1902 - 1986)

Né en 1902, disciple de Tournemire, puis de Vierne et Dukas notamment, au Conservatoire de Paris, Duruflé devenait lui-même professeur d harmonie rue de Madrid. Peu après (1930), il était nommé organiste de Saint-Etienne-du-Mont, partageant souvent les claviers avec Marie-Madeleine Chevalier-Duruflé qu'il avait épousée à peu près à la même époque et dont la brillante carrière a été si étroitement liée à celle de son mari.

Dès 10 ans, il entre à la Maîtrise de la Cathédrale de Rouen où il étudie le piano et l’orgue. Mais très vite, l’orgue devient son instrument de prédilection, l’instrument qui va le rendre célèbre.

En 1918, il est titulaire de l’orgue de Notre-Dame de Louviers. En 1919, il prépare avec Tournemire son examen d’admission à la classe d’orgue du Conservatoire de Paris où il est admis en 1920.

Il y obtient le premier prix d’orgue dans la classe d’Eugène Gigout. D’autres premiers prix vont récompenser ses études : premier prix d’harmonie, d’accompagnement au piano, de fugue et de composition.

Son professeur, Louis Vierne, voit en lui "le plus brillant et le plus personnel des organistes de la jeune génération. Ici, nous sommes en présence d’un sujet absolument complet ; exécutant de premier ordre, improvisateur à l’imagination abondante et variée, sensible et poète à souhait, il a en plus des dons de compositeur d’une rare acuité".

Diplômé en 1928 de la classe de composition de Paul Dukas, il enrichit la littérature organique de quatre grandes pièces : le Scherzo op. 2, le Prélude, adagio et choral varié sur le «Veni Creator» op. 4, la Suite op. 5, en hommage à Paul Dukas et le Prélude et fugue sur le nom d’A.L.A.I.N op. 7.

Son œuvre maîtresse, le Requiem pour soli, chœurs, orchestre et orgue, op. 9 (en première audition le 2 novembre 1947 à la salle Gaveau) le révèle au grand public.

Cette œuvre, d’emblée, se retrouve dans tous les répertoires de concerts, ainsi que plusieurs autres de ses œuvres. Son œuvre assez restreinte est toujours mélodique, d’une sobriété contenue et d’un équilibre rare.

Mondialement connu, il a contribué à la découverte de la musique d’orgue française aussi bien en Amérique qu’en Union Soviétique et au Japon où il est très connu et apprécié, pays dans lesquels il s’est rendu avec l’organiste Marie-Madeleine Chevalier, son épouse et sa collaboratrice, pour y donner de nombreux récitals.
Professeur d’harmonie au Conservatoire de Paris de 1943 à 1970, il forme également à cette technique d’écriture musicale de nombreux organistes réputés comme, par exemple, Pierre Cochereau, Xavier Durasse, Jean Guillou, Marie-Claire Alain, Daniel Roth, Philippe Lefebvre…

Maurice Duruflé n’oublie pas sa ville natale. Nommé titulaire du grand orgue de Notre-Dame de Louviers à la mort de Loth, en 1921, à 17 ans, puis à Paris en 1930, il revient toujours de temps en temps aux fêtes de première classe où l’on joue du grand orgue.

Il composera certaines œuvres pour lui dont son Scherzo, op. 2. Il devra néanmoins abandonner cette charge en 1935 à Mademoiselle Simone Bouvier. Après les bombardements de 1940, le grand orgue est inutilisable. Il faut le restaurer et c’est la maison Gloton de Nantes qui effectue les travaux et sur les conseils de Maurice Duruflé, des modifications et adjonctions ont enrichi l’instrument. Ces travaux terminés en 1942, c’est cette année-là que l’orgue est inauguré.

Cette brillante cérémonie a lieu le 14 juin 1942, le programme musical est exécuté par Maurice Duruflé avec le concours de Mademoiselle Simone Bouvier, organiste titulaire, de Jean Kling, baryton et de la maîtrise paroissiale.

On a évoqué l’organiste, le compositeur, un troisième aspect de sa personnalité mérite d’être rappelé : il nous est révélé par de nombreux écrits parus dans divers journaux.

D’une écriture soignée, précise et concise, ces articles sont consacrés à ses souvenirs sur ses Maîtres et surtout à la défense d’une belle liturgie et du chant grégorien.

Pour sauvegarder ces valeurs, Maurice Duruflé s’est dépensé avec une énergie et une passion admirables. Sous la bannière des Amis de l’Orgue, avec les meilleurs organistes du moment, Duruflé milite pour un orgue sonnant clair, aux timbres typés et variés, doté de tous les accessoires que permet l’usage de l’électricité dans les transmissions.

"Messieurs les facteurs, nous vous en supplions, vous construisez les orgues, mais ce sont les organistes qui les jouent et les auditeurs qui les écoutent… nous avons nos orgues historiques authentiques qui témoignent de l’époque classique. Vous les avez parfaitement restaurés dans leur style d’origine. Il est inutile d’en fabriquer…", écrit Maurice Duruflé.

Compositeur, organiste, professeur honoraire au Conservatoire, Officier de la Légion d’honneur, Commandant de l’ordre de Saint-Grégoire-le-Grand, Chevalier des Arts et Lettres, Maurice Duruflé s’est éteint le 16 juin 1986 à Louveciennes. La nouvelle de sa mort a tout de suite fait résonner pour tous les amoureux de son œuvre les plus beaux passages de son admirable et émouvant Requiem, pur chef d’œuvre plein de consolation et de limpidité, enregistré sur le grand orgue de l’église Notre-Dame de Louviers en 1996.

Sa disparition laisse des regrets unanimes. Maurice Duruflé s est toujours tenu au dessus des intrigues, des querelles des clans. Tous reconnaissaient son intégrité, sa modestie, sa dignité, son courage pour soutenir ses opinions, pour défendre ses idées et celles des autres lorsqu il approuvait.

Plusieurs de ses oeuvres et pas seulement le Requiem sont inspirées du chant grégorien auquel il était si attaché et sans lequel il ne concevait pas la musique.

OEUVRES PRINCIPALES

ORGUE
- Scherzo, op. 2
- Prélude, Adagio et Choral varié sur le thème du Veni Creator, op. 4
- Suite, op. 5 : Prélude, Sicilienne et Toccata
- Prélude et fugue sur le nom d’ALAIN, op. 7

MUSIQUE DE CHAMBRE ET ORCHESTRE
- Prélude, Récitatif et Variation, op. 3, pour flûte, alto et piano.
- Trois danses, op. 6 : Divertissement, Danse lente, Tambourin (orchestre)
- Andante et Scherzo, op. 8 (orchestre)

MUSIQUE VOCALE
- Requiem, op. 9, pour mezzo-soprano, baryton solo, chœur, orchestre et orgue.
- Quatre motets sur des thèmes grégoriens, op. 10, pour chœurs a cappella : Ubi caritas, Tota pulchra es, Tu es Petrus, Tantum ergo.
- Messe " Cum jubilo ", op. 11, pour baryton solo, chœur de barytons, orgue.
- Notre Père, op. 14, pour solo et orgue, ou chœur a cappella.

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Messe solennelle de Louis Vierne


Pendant l'été 1899, quelques semaines après son mariage, Vierne commença à composer sa "Messe solennelle" qu'il acheva en 1900. Elle fut écrite à l'origine pour chœur et orchestre et réadaptée pour quatre voix mixtes et deux orgues sur le conseil de Widor, parce qu'un orchestre aussi important n'était que rarement à la disposition de la musique religieuse. La création de cette œuvre dédiée à Théodore Dubois eut lieu le 8 décembre 1901 à St-Sulpice avec Charles-Marie Widor et Louis Vierne aux orgues.


Kyrie eleison
Kyrie, eleison.
Christe, eleison.
Kyrie, eleison.

Seigneur, prends pitié.
Christ, prends pitié.
Seigneur, prends pitié.

Gloria in excelsis Deo
Gloria in excelsis Deo. Et in terra pax hominibus bonae voluntatis.

Gloire à Dieu au plus haut des cieux. Et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté.

Laudamus te, benedicimus te, adoramus te, glorificamus te. Gratias agimus tibi propter magnam gloriam tuam.

Nous te louons, nous te bénissons, nous t'adorons, nous te glorifions. Nous te rendons grâce pour ton immense gloire.

Domine Deus, Rex coelestis, Deus Pater omnipotens. Domine Fili unigenite, Jesu Christe. Domine Deus, Agnus Dei, Filius Patris.

Seigneur Dieu, Roi du ciel, Dieu le Père tout-puissant. Seigneur Fils unique, Jésus Christ. Seigneur Dieu, Agneau de Dieu, le Fils du Père.

Qui tollis peccata mundi, miserere nobis. Qui tollis peccata mundi, suscipe deprecationem nostram. Qui sedes ad dexteram Patris, miserere nobis.

Toi qui enlèves le péché du monde, prends pitié de nous. Toi qui enlèves le péché du monde, reçois notre prière. Toi qui es assis à la droite du Père, prends pitié de nous.

Quoniam tu solus sanctus, tu solus Dominus, tu solus altissimus, Jesu Christe. Cum Sancto Spiritu, in gloria Dei Patris.

Car toi seul es saint, Toi seul es Seigneur, Toi seul es le Très-Haut, Jésus Christ. Avec le Saint-Esprit. dans la gloire de Dieu le Père.

Amen. Amen.

Sanctus
Sanctus, sanctus, sanctus Dominus Deus Sabaoth. Pleni sunt coeli et terra gloria tua. Hosanna in excelsis.

Saint, Saint, Saint le Seigneur, Dieu de l'univers. Le ciel et la terre sont remplis de ta gloire. Hosanna au plus haut des cieux.

Benedictus
Benedictus qui venit in nomine Domini. Hosanna in excelsis.

Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur. Hosanna au plus haut des cieux.

Agnus Dei
Agnus Dei qui tollis peccata mundi, miserere nobis. Agnus Dei qui tollis peccata mundi, dona nobis pacem.

Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde, prend pitié de nous. Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde, donne-nous la paix.

Louis VIERNE (1870 - 1937)

La vie de Louis Vierne est marquée par quatre grandes périodes:

Les années de formation (1870-1893)
Né en 1870 quasiment aveugle, Louis Vierne montre très tôt un talent exceptionnel. Il est profondément impressionné par l'orgue, et il est passionné de musique. Encouragé notamment par son oncle qui est professeur de hautbois au Conservatoire de Paris, il se prépare à une carrière artistique. Son oncle, son père meurent....

La consécration (1894-1905)
Vierne entre dans la classe d'orgue de César Franck au Conservatoire, puis devient l'élève et l'assistant de Widor. Il est nommé organiste de Notre-Dame de Paris devant une cinquantaine de candidats. Il se marie. Il devient célèbre. Première et deuxième symphonies pour orgue....

Les années douloureuses (1906-1919)
Il subit un accident dont il faillit perdre la jambe droite. Divorce en raison de l'infidélité de sa femme. Sa mère, ses deux fils, et Guilmant meurent. Il est délogé de son poste au Conservatoire. Son frère est tué au combat, comme plusieurs de ses élèves. Atteint du glaucome il perd une vue qui s'était améliorée. 3ème et 4ème symphonies. Des oeuvres pour orchestre, orgue, piano, musique de chambre....

Les dernières années (1920-1937)
Après 4 ans, il rentre à Paris presque ruiné, totalement aveugle, et tente de relancer sa carrière. Tournées de concerts à l'étranger, y compris en Amérique. Enregistrements 78 tours. Achèvement des restaurations des orgues de N-D. 5ème et 6ème symphonies; 24 Pièces de fantaisie, nombreuses oeuvres de tout genre. Il meurt aux claviers de son orgue le 2 juin 1937.

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